Auteur : Homére
Traduction: Leconte de Lisle, Victor Bérard, Philippe Jaccottet, Frédéric Mugler
production: Le Bien Commun
conception du projet/ drmaturgie: Jacques Bouraa
mise en scène : Lorelyne Foti
creation décembre 2021
L’équipe :
Comédiens :
Sarah Auvray
Loïc Risser
La production :
Production :
Le Bien Commun, bureau d'accompagnement et de production
Coproductions :
Bords 2 Scènes à Vitry-le-François
Soutiens financiers :
LA MARNE conseil départemental
Accueil résidences :
Bords 2 Scènes à Vitry-le-François
Lecture-spectacle en 3 épisodes
un auteur : Homère
quatre traducteurs :
Leconte de Lisle (1894)
Victor Bérard (1931)
Philippe Jaccottet (1982)
Frédéric Mugler (1991)
« L’Odyssée, grâce à mon ignorance opportune du grec, est une librairie internationale d’œuvres en prose et en vers», Borges
Dans leur immense majorité les lecteurs d’Homère dépendent de traductions, aussi choisissons-nous d’utiliser quatre traductions des poèmes homériques dans leur diversité et leur liberté souvent iconoclaste, comme des œuvres originales, fruits de réappropriations et de transgressions génériques fécondes.
Episode 1 : L’intervention des Dieux
Cependant on aurait tort d’oublier la présence des Dieux et leurs interventions. Les Dieux sont partie prenante de l’épopée. Sans eux rien n’est possible. L’histoire n’avance pas. Dans l’Iliade, sans l’intervention d’Hermès, Priam ne parviendrait pas à traverser le camp des grecs pour aller plaider auprès d’Achille le rachat du corps d’Hector. Dans l’Odyssée, sans Pallas-Athéna, Ulysse ne saurait sortir vainqueur de toutes les épreuves qu’il doit affronter pour récupérer ses « biens ». Cette déesse est même capable de retenir le jour pour prolonger la nuit des retrouvailles entre Ulysse et Pénélope. Pour que les « mondes anciens » ne reviennent pas, les dieux olympiens ont besoin d’un espace où ils ne sont pas menacés. Un temps nouveau. Cet espace est celui des humains.
Episode 2 : Le « JE » d’Ulysse
L’héroïsme d’Ulysse est une nécessité. Il ne peut pas tomber dans l’oubli au risque de perdre sa gloire (kléos). Et de gloire il n’y aura qu’au retour chez soi et à soi. L’honneur (la timè) d’Ulysse c’est de montrer qu’il est « l’homme du retour, de la fidélité, de la mémoire : Ulysse le malin, Ulysse l’endurant » (Jean-Pierre Vernant) celui qui supporte les épreuves parce qu’il doit les subir. D’où son refus de l’offrande de Calypso : l’immortalité. D’où son attitude devant Les Sirènes ; de son point de vue elles chantent faux car elles chantent sa gloire et que pour chanter sa gloire il faut d’abord qu’il meurt comme Achille. Ce que refuse Ulysse. Pas le refus de la mort, le refus de la mort comme Achille dans l’Iliade, jeune et beau. Ulysse lui de gloire il ne connaitra qu’en mourant chez lui, en paix.
Episode 3 : Le « jeu » de Pénélope
Loin d’être la femme apeurée que trop souvent on nous décrit, Pénélope participe volontairement de l’action.
Les femmes simples mortelles par leurs actes sont, dans l’épopée, un contre modèle : Hélène et Clytemnestre trahissent (ou tentent de trahir) les leurs : maris, ami(e)s, patrie, grâce à leur art de la ruse. Elles utilisent cet art au service de la « guerre » (polémos). Ce que se refuse à faire Pénélope. Elle ne trahit aucun des siens. Par amour et fidélité. Mais aussi pour sa gloire à elle. Elle sait qu’Ulysse reviendra, « son attente est la préparation d’un avenir » (Jean Bollack). « Pénélope sait finement comparer, noter les différences et les ressemblances » (Françoise Dingremont), elle comprend, au chant XIX, que l’étranger qu’elle rencontre c’est Ulysse et qu’elle peut mettre en route, aidé en cela par Athéna, le mécanisme de la vengeance en déclarant que le temps du remariage est venu. C’est Elle qui provoque le « jeu de l’arc ». Tout au long du poème, si l’on peut dire, elle tisse sa toile. Pénélope joue ses cartes pour permettre à Ulysse de jouer les siennes.
« Un Ulysse fait face à une Ulysse. » (Jean Bollack)